Sobriété numérique : la 5G peut-elle nous sauver ?
L’industrie du numérique est aujourd’hui responsable de 4% des émissions de gaz à effet de serre. Ces émissions augmentent et pourraient représenter 7,5% des émissions mondiales en 2025, autant que le parc automobile mondial. Outre les conséquences climatiques, cette industrie est une grande consommatrice d’eau, de métaux et terres rares, fragilisant les écosystèmes et les communautés.
Le déploiement de la 5G a officiellement été lancé par l’Etat français en novembre 2020. En augmentant le débit d’échanges de données, l’infrastructure permet le développement de nouvelles technologies dites connectées. La controverse de la 5G tient à ses effets sociaux, sanitaires et écologiques, en effet toute innovation n’est pas forcément souhaitable.
A l’heure où la crise environnementale est un sujet toujours plus brûlant, le déploiement de la 5G repose sur une explosion des usages et de la consommation énergétique. Les opérateurs téléphoniques misent sur une multiplication par six de la consommation actuelle de données d’ici 2034 par la création de nouveaux usages : voitures autonomes, streaming vidéo en réalité virtuelle ou augmentée, intelligence artificielle et Internet des objets. Or, la vaste majorité de notre utilisation actuelle du numérique est largement satisfaite par le réseau 4G existant. On peut aussi se poser la question du bien-fondé de ces nouveaux usages : avons-nous réellement besoin d’électroménager connecté, de casque virtuel, de drone 5G ?
Par ailleurs, la 5G n’étant pas compatible directement avec nos smartphones, son arrivée va nous inciter à renouveler prématurément des équipements en état de marche.
L’usage intensif de technologies de pointe, la diminution des contacts, de l’intervention et de la décision humaines sont présentés comme un progrès par les industriels. La 5G est ainsi réduite à un choix technologique alors que son déploiement est en réalité un choix politique de société et une certaine idée du progrès.
L’Etat français a fait le choix de passer outre les recommandations du Haut-Conseil pour le Climat alertant sur les risques d’augmentation significative de la consommation d’électricité et de l’empreinte carbone du numérique. La demande de moratoire de la Convention Citoyenne pour le Climat et de la tenue d’un débat démocratique décentralisé par onze maires de grandes villes de France dont Lyon ont été balayées par l’exécutif.
Sur le plan sanitaire, l’ANSES a rendu son rapport sur les effets des radiofréquences 5G sur le corps et reconnaît qu’elle manque de données scientifiques pour certaines fréquences utilisées, ce qui pourrait faire courir aux riverains d’antennes-relais et aux utilisateurs de téléphone 5G un potentiel risque sanitaire.
Dans ce contexte d’absence de débat public, les opérateurs de téléphonie mobile sont en train de passer en force. Il est temps d’ouvrir un débat public sur la commune au sujet de la 5G, de ses différentes implications et du futur qu’elle dessine.
Enfin, la révolution numérique n’a pas épargné les familles. Les enfants de 3 à 10 ans passent en moyenne 2 heures par jour devant les écrans. Les effets néfastes de cette surexposition incluent perturbations du sommeil, de la concentration, provoquent des retards de langage et une augmentation de la souffrance psychique. L’OMS, ainsi que des chercheurs en neurosciences cognitives, recommandent de ne pas mettre en contact nos enfants avec un écran avant 6 ans, surtout pas de smartphone, et le moins possible après.
Si l’intérêt des lobbies industriels passe trop souvent avant celui de la planète et de l’intérêt général, au plus proche de nous, posons-nous les bonnes questions et préservons les plus jeunes.