Pollution aux Perfluorés à Pierre-Bénite et Oullins
Nous savons qu’Oullins, située à proximité de plusieurs sites SEVESO de la vallée de la chimie, est une ville exposée aux risques industriels.
Nous savons aussi que les composés perfluorés sont présents à faible dose dans des matériaux du quotidien : anti-adhésifs, imperméabilisants, emballages alimentaires, cosmétiques… Ces molécules restent très longtemps dans l’environnement et nos corps, d’où leur triste surnom de « polluants éternels », et peuvent entraîner à des taux élevés : atteintes du système immunitaire, troubles thyroïdiens… voire cancer du rein et des testicules.
Ce que nous ne savions pas, c’est que la proximité avec les usines chimiques Arkema et Daikin de Pierre-Bénite nous expose potentiellement à des concentrations élevées de perfluorés, qui polluent l’air, les sols, indirectement les fruits et légumes cultivés, les œufs de nos poules… jusqu’au lait maternel !
L’eau du robinet consommée à Oullins vient du captage de Crépieu-Charmy et ne contient que des traces de perfluorés, contrairement à celle de Givors, Grigny, Solaize… fournie par le captage de Ternay, polluée par les eaux rejetées par l’usine, d’après les mesures réalisées par le journaliste Martin Boudot, de Vert de Rage, et confirmées par la Métropole.
En parallèle, l’association environnementale « Notre affaire à tous » a enquêté pendant deux ans sur Arkema et a déposé deux recours le 31/5/22, pour 66 non-conformités, 6 incidents majeurs de 2017 à 2022, et la pollution aux perfluorés.
Cette pollution aux perfluorés est connue des services de l’État, puisque l’Anses avait réalisé en 2010 une campagne nationale pour déterminer la présence de perfluorés, notamment dans l’eau. Il a donc fallu médiatiser l’affaire 12 ans après pour que la préfecture prenne un arrêté, fin mai, qui impose à Arkema la surveillance des perfluorés.
Certes cette pollution n’est pas encore illégale puisqu’il n’y a pas encore de
législation en France à ce sujet, mais l’Europe compte imposer des normes dans l’eau dès 2026 et interdire
l’utilisation de tous les perfluorés d’ici à 2030. De nombreux pays voisins (Pays-Bas, Belgique, Italie…) ont déjà
interdit certains composés, et imposent des seuils limites à leurs
industriels.
Pourquoi attendre l’Europe pour agir quand les risques pour la santé et l’environnement sont connus? La nouvelle Assemblée Nationale doit se saisir pleinement de ce sujet : installation de laboratoires d’analyses en France, de filtres permettant d’éviter les rejets de perfluorés, établissement de normes limites, suppression des produits industriels contenant des perfluorés…
Au niveau local, Madame La Maire a annoncé s’associer au maire de Pierre Bénite pour une étude du sol et de l’eau à Oullins.
Nous demandons, dans un 1er temps, en complément de cette étude, une analyse de l’air, du sang des Oullinois habitant près d’Arkema, en particulier des enfants et des femmes enceintes, ainsi que du lait maternel, dans le cadre d’une réelle étude épidémiologique de notre territoire menée par l’ARS.
Enfin, nous regrettons que la maire d’Oullins ainsi que le maire de Pierre-Bénite n’aient pas signé la Charte des Villes et Territoires « sans perturbateurs endocriniens », signée par la Métropole et 15 communes dont la ville de Lyon, visant à réduire l’exposition de la population aux perturbateurs endocriniens.
Une vision globale du problème, au niveau local et national, est indispensable pour une ville, une nature et des habitants en bonne santé. Pour y parvenir, une vraie mobilisation citoyenne et associative est la plus à même de faire bouger les choses et faire en sorte que ces entreprises polluantes changent de pratique.
letempsdagir@ecologie-oullins.fr