En finir avec l’ignorance sur la pollution de la Vallée de la Chimie

Il y a un an, des journalistes nous apprenaient que le sol, l’air et l’eau du Rhône étaient contaminés par les perfluorés émis par les industries Arkéma et Daikin à Pierre-Bénite. Cette contamination a amené la Préfecture à préconiser de ne plus manger les œufs ou viande de volailles issus de nos jardins.

Passé le choc de ces révélations, nous découvrions que depuis longtemps ces industries rejetaient dans l’air et l’eau du Rhône des PFAS, composés chimiques synthétiques utilisés pour leurs propriétés physico-chimiques pour les textiles, mousses anti-incendie, poêles… Ces « polluants éternels » sont très persistants dans le temps et l’environnement : des récentes études démontrent la diffusion globale de cette pollution, jusqu’en Arctique, alors que leurs effets sont connus depuis peu : toxicités, perturbation endocrinienne, cancers…

L’absence de réglementation en France sur les PFAS

Les PFAS sont utilisés depuis des décennies mais les premières réglementations datent des années 2010. Contrairement à d’autres, l’Etat français n’appliquera le seuil réglementaire européen de 0,1 µg/L pour les eaux de surface qu’en 2026. En attendant, les industriels devront réduire leurs rejets. Rappelons que l’eau potable distribuée à Oullins, prélevée au champ de captage Crépieux-Charmy, respecte cette norme. Rappelons aussi qu’il n’existe pas en France de normes contre la pollution aux PFAS dans le sol (le reportage cite des normes néerlandaises). « Il n’existe que trop peu de normes, à ce jour, sur les concentrations maximales de PFAS (…) pour les émissions industrielles ou (…) dans les milieux naturels. » reconnait lePlan d’Actions Ministériel de janvier 2023.

Ce scandale sanitaire a pour première cause l’absence de norme française et européenne, sur les PFAS, pourtant utilisés massivement par l’industrie depuis des décennies, malgré les alertes répétées des scientifiques depuis plus de 15 ans. Pas de seuil, pas de contrôle, pas de pollution…

Mettre fin à l’ignorance stratégique sur la pollution industrielle

Depuis ces révélations, l’Etat et les collectivités mènent des contrôles pour évaluer de cette pollution. Des actions en justice sont engagées par des associations contre Arkéma, pour demander l’arrêt des PFAS et des analyses médicales sur la population. La Métropole de Lyon milite pour la création d’un Observatoire éco-citoyen indépendant, comme celui de Fos-sur-Mer car « en matière de pollution, (…) [sans] études, vous êtes aveugle !».

Ces initiatives mettent en avant que les enjeux de santé publique liés aux pollutions industrielles sont un angle mort de nos politiques publiques. Rares sont les études sur l’impact sanitaire de la « Vallée de la Chimie » alors qu’il s’agit de la plus grande concentration de sites « SEVESO haut » en France impactant près d’1,5 millions d’habitants. Les seules existantes ne tiennent pas compte de « l’effet cocktail », ni de l’exposition répétée à de faibles doses de polluants, concluant ainsi à l’absence de lien de causalité entre activités industrielles et santé.

Le scandale des PFAS, dont on découvre chaque jour l’ampleur, met en évidence le phénomène de « violence environnementale lente » où autorités publiques et acteurs industriels s’accordent pour cultiver une ignorance stratégique sur la pollution industrielle. Pas de donnée, pas de risque, pas de problème…

Il est temps d’en finir avec ces pratiques du passé et d’informer objectivement les habitant.e.s d’Oullins sur l’impact sanitaire et environnemental des industries de la “Vallée de la Chimie” et prendre enfin les décisions qui s’imposent.

Sur le sujet : groupe Facebook “Ensemble contre la pollution aux PFAS autour de Lyon”

Sources :