Oullins, futur désert médical ?

Nous assistons actuellement à une conjonction de crises dans la santé, dans le monde hospitalier et libéral : pénurie de soignants, surcharge de travail, revalorisations insuffisantes, entraînant de nombreux départs et réorientations professionnelles…

Ces crises couvent depuis longtemps, et notre système de santé déjà fragilisé aété mis à mal par les années Covid.

Les citoyens y sont de plus en plus confrontés : depuis plusieurs années la prise de rendez-vous était difficile pour certaines spécialités, mais elle le devient également maintenant pour des soins de médecine générale courante, urgente ou non, sans parler de la quête du Graal : le médecin traitant ! De nombreux médecins libéraux, surchargés, n’acceptant plus de suivre de nouveaux patients, 11% de la population française n’a pas de médecin traitant.

La pénurie de médecins est annoncée depuis des années : la limitation de l’accès aux études de médecine, ou «numerus clausus», a été drastique de 1980 à 2000, et son relèvement progressif puis sa suppression ont été bien trop tardifs, conjugués au vieillissement de la population et à l’accroissement des besoins. Aussi, après une diminution constante du nombre de généralistes depuis 10 ans, nous avons atteint le creux de la vague et allons y rester jusqu’en 2030 environ, avant une amélioration progressive par des arrivées de médecins plus nombreuses que les départs (d’après les projections de la DREES, Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques).

Afin de mieux répartir l’accès aux soins, l’ARS (Agence Régionale de Santé) a établi une cartographie des territoires selon plusieurs critères : densité de médecins généralistes, part de médecins proches de la retraite, de personnes âgées ou porteuses de maladies chroniques dans la population… afin de proposer aux médecins libéraux exerçant dans les territoires à faible densité médicale des aides financées par l’assurance-maladie ou par l’ARS.

D’après la cartographie de janvier 2022, 72 % de la population en Auvergne-Rhône-Alpes est située en zone à faible densité médicale ! Oullins ne figure pas dans ces territoires en difficulté, et l’offre de soins en médecine générale est tout à fait satisfaisante, avec 21 médecins généralistes en cabinet pour 27 000 Oullinois, soit une densité de 78 médecins pour 100 000 habitants (au niveau national : 82 pour 100 000). Mais de nombreux Oullinois s’inquiètent du départ annoncé de leur médecin traitant, avec cinq départs prévus cette année ! Qui ne seront pas compensés par l’arrivée d’un seul médecin généraliste, bienvenue mais insuffisante, et par le projet de maison de santé à la Saulaie, pas avant 2026.

La densité de médecins généralistes en cabinet va donc se réduire de 78 à 63 médecins pour 100 000 habitants, dans une population en croissance constante.

Le problème de la pénurie de soignants est national, et les principales mesures dépendent de l’Etat. La municipalité a donc peu de marge de manœuvre, toutefois certaines actions pourraient être mises en place :

– demander en priorité à l’ARS la révision de l’évaluation de notre ville au vu de l’évolution de la démographie médicale, afin que les médecins actuels et à venir puissent bénéficier d’aides spécifiques,

– aider l’installation de futurs médecins par la recherche et l’équipement de locaux adaptés aux personnes à mobilité réduite, et éviter que certains quartiers excentrés comme le Golf soient exclus de l’offre de soins,

– accompagner les personnes ayant des difficultés à prendre rendez-vous en ligne, afin que la fracture numérique ne s’ajoute pas aux difficultés d’accès aux soins.

Notre ville est dynamique, en pleine croissance… et nous avons besoin de nos médecins généralistes !